GLAÇURES

 

 

 

 

 

Les possibilités de coloration des glaçures cristallines cuites en oxydation sont d'ordinaire assez limitées. Elles sont en grande majorité obtenues par des oxydes de métaux de transition (ceux du bloc d) tels que le fer, le manganèse, le nickel, le cuivre et le cobalt... Une gamme de colorations plus étendue est néanmoins possible pour ceux qui cuisent en four à gaz par l'action réductrice de l'atmosphère gazeuse (production de monoxyde de carbone pendant la cuisson). Les principaux métaux de transition qui réagissent à l'effet réducteur du monoxyde de carbone sont : le cuivre, le fer, le manganèse, le titane… Les métaux de transition peuvent former de nombreux ions dont la coloration peut varier selon leur état d'oxydation. Ainsi par exemple MnO4- (Mn a un état d'oxydation +7) est violet, alors que Mn2+ est rose pâle...

Colorantion au cobalt (CoCO3, 2 %) obtenue en cuisson oxydante

La cuisson réductrice, par production d'une atmosphère gazeuse contenant une certaine quantité de monoxyde de carbone, est le mécanisme qui permet de modifier les ions métalliques en abaissant leur état d'oxydation. Ainsi, des ions Fe3+ provenant de l'oxyde de fer rouge (Fe2O3) colorent les glaçures en jaune. Sous l'effet de la cuisson réductrice, l'oxyde ferrique Fe2O3 perd une partie de son oxygène et se transforme en oxyde ferreux FeO, cet état d'oxydation inférieur du fer produira alors des ions Fe2+ qui coloreront la glaçure en vert ou en bleu (la coloration verte résulte le plus souvent d'une présence simultanée de Fe3+ et Fe2+, jaune + bleu = vert).

Coloration obtenue par atmosphère réductrice (Monoxyde de Carbone) Glaçure de John Tilton (USA)

Pour palier à la difficulté de réaliser une atmosphère réductrice en four électrique, j'ai imaginé la mise au point de glaçures contenant des éléments susceptibles de réduire ou de maintenir réduits certains oxydes métalliques. Des éléments qui doivent principalement agir sur un ou plusieurs oxydes et être compatibles avec la glaçure sans nuire aux effets recherchés pour la cristallisation (nucléation, croissance des cristaux, faible écoulement de la glaçure).

En m'inspirant des techniques verrières, un premier résultat de ce genre a été obtenu en 2005 avec la réalisation d'une glaçure " Bleu de titane " avec cristallisations. La coloration bleue étant due à la réduction de TiO2 en Ti2O3 sous l'effet réducteur de trioxyde d'antimoine (Sb2O3) ajouté à la base de la glaçure cristalline contenant aussi du baryum. Sb2O3 s'oxydant en Sb2O5 au détriment du dioxyde de titane qui lui cède une partie de son oxygène. Les ions Ti3+ provenant de Ti2O3 produisent alors une coloration violette de la glaçure, couleur très caractéristique de cet oxyde.   Ce résultat fût la preuve que le procédé de réduction " in vitro " était possible avec un four électrique, sous certaines conditions réunies dans la composition de la glaçure, et que le besoin d'une atmosphère gazeuse réductrice (contenant du monoxyde de carbone) n'était plus incontournable.

Coloration obtenue par réduction du titane "in vitro" Glaçure Bleu de Titane - Septembre 2005

Récemment, dans la continuité de cette démarche, j'ai obtenu un " bleu de fer " intense avec deux glaçures superposées, l'une potassique et plombeuse, riche en alumine et en oxyde ferreux (FeO, oxyde de fer noir), l'autre riche en alcali et en zinc contenant du baryum et assez peu d'alumine. Les colorants auxiliaires utilisés pour les cristaux sont l'oxyde cuivrique et l'oxyde de nickel vert (Voir photo). La première glaçure est destinée à préserver FeO en l'enfermant rapidement dans un flux alcalin et plombeux tout en empêchant son écoulement grâce à l'alumine. La seconde glaçure est une base cristalline révélant la couleur bleue du fer par une dissolution partielle de la glaçure inférieure tout en empêchant l'oxydation de FeO. Après cuisson à cône 8 (1255-1260°C) cette combinaison de glaçures ne produit aucun écoulement au pied des pièces. Cette coloration due à Fe2+ s'obtient habituellement en cuisson réductrice au gaz, après une montée peu rapide et une réduction modérée à partir de 900-1000°C. La cuisson pouvant se terminer en oxydation à partir du moment où la glaçure est totalement fondue.   Denis Caraty / Novembre 2007

Coloration "bleu de fer" obtenue par l'oxyde ferreux, FeO, maintenu dans son état d'oxydation par la glaçure tout au long de la cuisson oxydante Novembre 2007

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ceramique : denis caraty, ceramiste, presente ses travaux de glacures a grands cristaux sur porcelaine. ceramiques, cristal, porcelaines